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Covid-19 : isolement et conditions de travail favorisent les conduites addictives

Isolement au travail, augmentation des objectifs en matière de performance mais aussi charge de travail ont joué un rôle dans l’augmentation des consommations de substances psychoactives depuis le premier confinement. C’est ce que montre l’enquête initiée par la Mildeca, l’Anact et d’autres partenaires et réalisée par Ipsos. Explication avec Patrick Issartelle et Samantha Ducroquet, intervenants à l’Anact.


Pourquoi avoir réalisé cette enquête ?

Télétravail massif poursuite du travail sur site, chômage partiel ou arrêt total de l’activité… la période de confinement liée à la crise sanitaire puis celle du déconfinement ont impliqué de profondes réorganisations du travail dans les entreprises et administrations. Ces bouleversements ont eu des effets multiples : rythmes de travail, charge de travail, objectifs de performance. C’est pour documenter les liens entre évolution des consommations de substances psychoactives et les conditions de travail, que la MILDECA, l’Anact et d’autres partenaires – Anses, INRS, OFDT, Santé Publique France et le COCT – ont mené un sondage auprès d’un échantillon représentatif d’environ 4 000 salariés et agents publics sur la période allant du 1er confinement jusqu’au mois de septembre 2020.

Comment a évolué la consommation de substances psychoactives durant la période ?

La période n’a pas favorisé une augmentation globale de la consommation de substances psychoactives (alcool, tabac, cannabis, médicaments psychotropes, cigarette électronique) mais on peut observer à la fois des tendances à la baisse ou à la hausse. Par exemple, les salariés qui ont exprimé un sentiment d’isolement pendant ou après le confinement déclarent une consommation plus marquée : l’alcool reste, chez cette catégorie de salariés, la substance la plus consommée (64% de ceux qui se sont sentis isolés pendant le confinement). On note en parallèle que 18% des travailleurs ont diminué leur fréquence de consommation ou arrêté l’alcool et 30 % pour le cannabis.

75 % des personnes ayant augmenté leur consommation l’expliquent du fait de leurs conditions de travail (charge, horaires, organisation, révision des objectifs…). D’ailleurs, le sondage révèle que 80 à 85 % des organisations ont maintenu voire augmenté les objectifs de performance. Si la charge de travail a baissé pour plus d’un ouvrier sur deux (51%), la plupart des cadres, aux emplois plus propices au télétravail, ont à l’inverse vu leur charge de travail rester stable (31%) et pour 36 % elle a augmenté.

Les cas de baisse ou d’arrêt de consommation de substances psychoactives sont attribués, eux, à des dimensions de la vie personnelle telle que la volonté de se maintenir en bonne santé, la qualité du sommeil ou le poids.

On note aussi que le mode de travail (sur site, en télétravail, en chômage partiel) n’explique pas l’évolution de la consommation sur la période.

A l’heure où nous vivons un second confinement, quels enseignements tirez-vous ?

Les résultats de cette enquête apportent un éclairage pour améliorer les actions de prévention des consommations de substances psychoactives et les conditions de travail dans le cadre du reconfinement actuel.

  • Agir sur l’isolement au travail – qui a une influence significative sur la hausse de consommation de l’ensemble des substances psychoactives, à l’exception de l’alcool – doit être une préoccupation majeure des directions, services RH, manageurs et IRP, prévention.
  • En parallèle, les mesures permettant d’agir sur l’organisation du travail pour réduire le stress, mieux réguler la charge de travail et adapter les objectifs de performance doivent être développées.
  • L’amélioration du dialogue social est un levier à actionner sur ces différents registres, et ne pas omettre le lien direct entre représentants du personnel et salariés.
  • Les services de santé au travail doivent jouer un rôle de conseil sur la prévention des conduites addictives et accompagner les salariés en difficulté.

Quelles perspectives envisagez-vous à l’issue de cette enquête ?

Les résultats de cette première enquête vont alimenter les politiques publiques de prévention des conduites addictives de santé au travail et de santé publique, en complément d’actions engagées depuis plusieurs mois par la Mildeca et le réseau Anact Aract. Une seconde phase d’investigation comprenant une enquête qualitative est actuellement en cours pour compléter ces premiers résultats.

Pour aller plus loin :


Voir la source
http://centre-val-de-loire.direccte.gouv.fr/spip.php?page=backend
Auteur: Louis